Doris Leuthard on the challenges the country must tackle (in French)

April 2021

Doris Leuthard

Doris Leuthard interviewed by PME Magazine (in French)

Confiante en l’avenir de l’économie, l’ancienne conseillère fédérale, qui a quitté la Coupole en 2018, évoque les grands chantiers auxquels le pays doit s’atteler: énergie, numérique, durabilité, place des femmes et des jeunes dans les entreprises.

L’Argovienne est comme à son habitude: souriante et sereine. Doris Leuthard évoque les forces et les difficultés de la Suisse. Pas de misérabilisme, l’économie et ses PME devraient, selon elle, sortir en grande majorité renforcées de la crise. Restée populaire, l’ancienne conseillère fédérale de 58 ans siège aujourd’hui au conseil d’administration de grandes entreprises suisses comme Stadler Rail, Coop ou Bell et préside la Swiss Digital Initiative à Genève. Elle revient sur ses divers engagements, son expérience à la tête de l’Etat et partage son optimisme en ce qui concerne l’avenir du pays.

PME: La troisième vague de la pandémie de Covid-19 inquiète de nombreux pays européens et des branches entières de l’économie sont à l’arrêt. Regrettez-vous de ne plus faire partie du collège gouvernemental aujourd’hui, durant cette période où tout le pays est suspendu aux lèvres des conseillers fédéraux?

Doris Leuthard: Oui et non. J’étais au Conseil fédéral lors de la crise financière de 2008. Celle-ci a durement touché la Suisse, même si sa durée était beaucoup plus courte et que la santé humaine n’était pas au centre du problème. J’ai remarqué que, dans une crise, le gouvernement pouvait agir et décider très vite, ce qui est passionnant pour un membre du Conseil fédéral. Mais cela s’accompagne aussi de grandes responsabilités, avec des critiques parfois très dures. Pour y faire face, il faut un collège soudé et de nombreuses discussions avec tous les acteurs (cantons, milieux académiques, industrie) afin de prendre des décisions partagées par la majorité de la population.

Vous présidez la Swiss Digital Initiative basée à Genève depuis 2019. De quoi s’agit-il?

Internet et les technologies fonctionnent bien sur un plan technique, moins sur un plan éthique. En tant qu’usagers, nous voulons des garanties sur ce que deviennent nos données, nous souhaitons que la question de la violence et des discriminations sur internet soit abordée. La Swiss Digital Initiative ne produira pas des rapports supplémentaires sur le sujet, mais s’engagera pour plus d’éthique numérique au travers de projets concrets. Le projet principal est la réalisation d’un label de confiance numérique, qui pourra être placé sur toutes les applications et les sites qui remplissent les critères requis.

La Suisse, et en particulier Genève, est un lieu idéal pour créer un hub de la confiance numérique. Des collaborations avec l’Université de Genève et l’EPFL assurent également l’indépendance et le sérieux académique du label. Actuellement, notre pool d’experts − qui comprend aussi des représentants de la société civile − affine les indicateurs avec plusieurs de nos partenaires du secteur privé. D’ici à la fin de l’année, les premières mentions du label devraient apparaître sur les applications.

L’économie suisse semble moins touchée par la crise – en moyenne européenne – selon le FMI, avec une contraction de «seulement» 2,9% de son PIB en 2020. Comment expliquez-vous cette résilience?

Là aussi, on peut remonter dans le passé: après presque toutes les crises, la Suisse s’est retrouvée bien positionnée. Cela s’explique par un tissu économique très diversifié, stable et international, mais aussi par la flexibilité et l’engagement des PME qui peuvent agir vite et innover. Ce seront les piliers de l’après-crise. Mais il faut bien avouer que cette année sera encore marquée par un certain nombre de problèmes: des PME qui manquent de liquidités, des faillites. C’est normal dans une crise, mais c’est bien évidemment tragique au niveau humain. On ne pourra toutefois malheureusement pas sauver toutes les entreprises et notre société devra faire preuve de solidarité.

Cette crise représente aussi l’occasion de se demander ce qu’il faut faire pour l’avenir. Pour moi, le premier chantier est le numérique. La Suisse pourrait être mieux positionnée en la matière, avec davantage de modèles d’affaires adaptés au digital. Il faudra tenir compte des nouveaux comportements des consommateurs et investir dans la formation continue. Tout cela permettra au pays d’en sortir renforcé.

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